D'autant que la crête ne fait pas le moine ni l'habit le punk et qu'il y a bien trop à vivre là maintenant. Alors tous à vos ordis, faites péter les décibelles visuelles. Le voyage c'est comme le rock : c'est tout à fond!

Ici Pérou, à vous Paris!!!



N.B. : en cliquant sur la première photo d'un article, la série s'affiche en grand à l'écran.

dimanche 3 juillet 2011

Moyobamba - Nord-Pérou, région San Martín, Juillet 2011


Arrivé la veille au soir à presque 21h (voir l'article "Un jour de grand n'importe quoi"), je n'ose pas appeler la famille rencontrée à Kuelap, ne sachant pas comment ils travaillent ni l'heure à laquelle ils se couchent habituellement - les locaux dorment généralement tôt au Pérou, en accord avec les horaires du soleil. Je me chope donc un moto-taxi à la sortie du bus, direction l'hôtel le moins cher indiqué dans quelque page photocopiée d'un guide. Cool : voitures quasi absentes, uniquement des 2 roues ou des moto-taxis, circulation pétaradante mais fluide, et il fait chaud. Bref, je suis content d'arriver, enfin, et de retrouver l'ambiance de la Selva (forêt amazonienne).

Le lendemain, je prospecte en début de matinée pour organiser ma journée seul, puis téléphone à Carlos pour le prévenir de mon arrivée, pensant qu'ils travaillent et qu'on se verra le soir pour prendre un verre. J'ai alors dans l'idée de repartir le lendemain matin à Tarapoto, où je veux passer une semaine. Je sens à sa voix qu'il est vraiment heureux que je me sois arrêté à Moyobamba et que je l'appelle. 15 minutes plus tard, il gare sa moto devant mon auberge. En fait il est électricien à son compte et me dit qu'il a toute la journée à me consacrer. Génial. On oublie les plans échaffaudés en solo et on se laisse porter par ce qui se présente ("Comme elle vient!") : faire un tour en moto dans la ville et passer voir sa femme à son boulot, car il veut lui annoncer mon arrivée. Même réaction chaleureuse et accueillante : "Pieroooooooooo!!!!! Quand es-tu arrivé? (- Hier) ; Et pourquoi tu n'as pas appelé? (- Arrivé tard, pas osé) ; Va chercher tes affaires et vient à la maison! Bon, OK. "Re-génial".

On retourne à l'hôtel chercher mes affaires pour les déposer chez eux. Carlos appelle aussi leur fils à Lima, avec lequel j'avais pas mal discuté dans le minibus pour Kuelap. Il est tout enjoué de lui dire que je leur fais la surprise de venir et me le passe directement. Je les connais à peine me semble-t-il, et parallèlement cette impression d'être reçu comme à Siouville. N'en crois pas mes oreilles. Après quoi, Carlos m'emmène aux bains thermaux à la sortie de la ville. C'est vraiment chouette la moto les cheveux au vent : le meilleur moyen de découvrir une ville de la Selva et un sentiment grisant de liberté. En plus, on se sent un peu moins touriste, assis à l'arrière d'une moto manoeuvrée par un Moyobambino.



Aux bains thermaux de Moyobamba


Avec Carlos sur sa moto






De retour chez eux, je veux l'inviter à manger un morceau dans un p'tit restau. "Il y a tout ce qu'il faut à la maison, mange". Bon. J'hallucine depuis que je l'ai appelé, quelques heures auparavant. Et chaque fois que je le remercie, toujours cette même réponse : " No hay problema hermano" (Pas de problème...) ou "No te preocupes, gracias por visitarnos" (Ne t'inquiète pas, merci de nous rendre visite).

Toute la journée sera ainsi. Après "un jour de grand n'importe quoi", j'aurais pu appeler celui-ci "un jour au grand coeur". On passe finalement une partie de l'après-midi à discuter en sirotant des bières bien fraîches à l'ombre dans le jardin. J'apprends avec surprise qu'il va avoir 50 ans. Puis il m'emmène à la périphérie de la ville à quelques points de vue, puis voir le défilé de la Saint-Jean. Ici ils la fêtent du 20 au 30 juin.




                                                 Au royaume des 2 roues et des moto-taxis





Même à 4 c'est jouable finalement


La pub locale












Moyobamba















En fin d'après-midi, lorsque je lui parle des photos et du blog, il s'empresse de me mettre internet à disposition pour que je bosse un peu dessus. Jairo, leur 3ème et dernier fils (13 ans), Nivia, une amie qui vit chez eux et Silvia, sa femme (42 ans), rentrent et le soir et j'arrive enfin à les inviter pour le repas, qu'on prend chez eux. Eux m'invitent à rester le temps que je souhaite. "Estás en tu casa, te quedas un mes si quieres, tú nos inspiras confianza y gracias por visitarnos, es muy interesante para nosotros compartir tus puntos de vista y tu forma de vivir distintos de los nuestros" (Tu es ici chez toi, tu restes un mois si tu veux, tu nous inspires confiance et merci de nous rendre visite, c'est très intéressant pour nous de partager tes points de vue et ta façon de vivre bien différente des nôtres). Bref, du délire. C'est une de mes meilleures journées depuis le début du voyage. Je me sens bien, zen le soir, et dors comme un bébé. Enfin.




Le soir chez Carlos et Silvia


Silvia, Carlos, Jairo et Nivia


Du coup le lendemain matin, je n'ai pas spécialement envie de les quitter. D'un côté ce qui était prévu (départ à Tarapoto), de l'autre cette rencontre géniale et le sentiment qu'ils ont sincèrement envie que je reste. Moi aussi. Donc c'est vite pesé : au diable le programme. Aujourd'hui ils travaillent et il pleut, alors j'en profite pour passer la journée à écrire "à la maison" sur ce qui s'est passé depuis Kuelap (voir articles précédents), et m'occuper du blog puisque j'ai internet.

Le soir on traine à la fraîche dans le jardin. Conversations intéressantes et libres. Sur la religion, thème trop souvent délicat à aborder au Pérou, surtout pour un "laïque", à moins d'être faux-cul, ce qu'il vaut pourtant mieux être si on veut éviter que les culs bénis ne se crispent. Sur les problèmes avec les natifs indigènes, thème trop souvent inabordable avec les bien-pensants de France qui les caricaturent en Calimero, victimes des grands méchants loups blancs capitalistes, sans rien connaître de la réalité indienne, pas toujours belle à voir. Sur la politique ou encore les problèmes d'éducation. Je découvre des gens d'une profonde sagesse et ouverture d'esprit. D'ailleurs, Carlos et Silvia n'ont pas la même religion. Et tout comme je me sens très à l'aise chez eux alors que j'aime mon indépendance et avoir ma chambre seul - ce que j'ai du reste, je me sens tout autant à l'aise pour évoquer sans retenue mes points de vue, souvent en décalage avec la culture globale péruvienne. Quel plaisir. Et eux m'en remercient.

Je ne repartirais que le lendemain dans l'après-midi, après quelques larmes bien entendu. On s'refait pas.

On me dira une fois encore que je suis "fleurs bleues" et on aura bien raison, mais ce "détail", juste au dessus de "mon" lit, m'a semblé représenter parfaitement Carlos et Silvia, et ce que j'ai trouvé dans cette maison.



"Jairo, merci d'être notre fils, nous t'aimons beaucoup"





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