D'autant que la crête ne fait pas le moine ni l'habit le punk et qu'il y a bien trop à vivre là maintenant. Alors tous à vos ordis, faites péter les décibelles visuelles. Le voyage c'est comme le rock : c'est tout à fond!

Ici Pérou, à vous Paris!!!



N.B. : en cliquant sur la première photo d'un article, la série s'affiche en grand à l'écran.

vendredi 1 juillet 2011

Kuelap et la forêt de nuages - Nord-Pérou, Région Amazonas, Juin 2011


Forteresse de la civilisation Chachapoyas (500-1470 après le p'tit Jésus), Kuelap impressionne par sa taille (700m de long), ses remparts (20m de haut) et son emplacement. Située sur la crête (les Chachapoyas étaient aussi un peu punks sur les bords) d'une montagne verdoyante, à 3100 d'altitude, elle est souvent enveloppée par ce qu'ils appellent ici "la forêt de nuages". J'en ai fait les frais, moi qui espérais la photographier sous un rayon de soleil.

Au départ de Leymebamba, je me lève à 4h du matin pour prendre le combi à 5, arriver à 6 à Tingo, d'où je pense en choper un autre pour me monter jusqu'à Kuelap. Je n'ai pas envie de monter à pied les 1200m de dénivelé avec 15 kilos sur le dos et d'arriver sur le site en fin de matinée. Depuis 10 jours, il fait systématiquement beau le matin et ça se couvre dans l'heure de midi. Sauf que.
Surprise, arrivé à Tingo, j'attends patiemment un combi et... N-A-D-A! Une heure, 2 heures, 3 heures puis 4 heures passent, et pas même un taxi colectivo! Du jamais vu au Pérou, où il est simple d'aller d'un bled à un autre, même paumé, pour peu qu'on ne soit pas à 1 heure près. Mon livre prend une sacrée claque. Pendant tout ce temps, il fait un soleil radieux. Je commence à désespérer, puisque les locaux eux-mêmes finissent par me dire qu'il n'y en aura plus à cette heure tardive de la matinée, et pense avoir perdu ma journée. Songe à louer une chambre pour la nuit, y laisser mon gros sac et monter à pied tôt le lendemain matin. "Allez, je lis un dernier chapitre et je m'en vais". C'est que je commence à avoir mal aux fesses d'être assis sur le trottoir, avec mon p'tit cul rembourré d'os. Et là j'apercois un bus de tourisme. Même si les tours privés ne prennent personne sur la route, "c'est maintenant où jamais". Il faut parfois forcer un peu le destin. Je me mets au milieu de la route en joignant les 2 mains comme pour supplier le chauffeur de s'arrêter. Il me fait signe que non, bien entendu, et poursuit sa route... avant de piler 20 mètres plus loin! En fait, ce sont les clients, des péruviens, qui ont demandé au chauffeur et au guide de s'arrêter malgré le véhicule plein et le caractère privé de leur excursion. Etonné, je ne cesse de les remercier de leur gentillesse. C'est fou comme 4 heures d'attente seul peut vous rendre sensible à une aide extérieure. Et sans le savoir alors, je vais faire la rencontre d'une famille extraordinaire (voir l'article sur Moyobamba). Je me fais l'heure et demi de montée debout ou sur la roue arrière mais rien à foutre : je suis H-E-U-R-E-U-X d'être enfin en route pour Kuelap. Et en plus, le guide me propose de faire la visite avec eux et de profiter ainsi des explications. Bref, je m'en sors vraiment bien. Sauf qu'on arrive vers midi et comme prévu, dans les nuages. Objectif "photos sous le soleil" raté, mais comme j'ai le temps et la motivation, je n'abandonne pas et décide de rester un jour supplémentaire, dormir à María, à 2h à pied de Kuelap, et de remonter sur le site tôt le lendemain matin. Et pas seulement pour les photos.

Réveil le lendemain matin à 5h et... le temps est bouché. "Merde". Mais c'est fréquent à cette heure-ci et le ciel se découvre d'habitude avec le lever du soleil. Je commence à marcher à 5h30 et à 7h je suis sur le site : c'est toujours complètement bouché. "Re-merde". Pas le moindre signe d'un rayon de soleil à venir. Et puis du coup, il fait froid. "Triple-merde". Je vais donc me prendre un maté chaud dans une bicoque voisine et m'arme de patience. Mon livre reprend une sacrée claque, ainsi que mon paquet de cigarettes. Je passe ainsi toute la matinée, en scrutant désespérément le ciel. J'implore les Apus (dieux des montagnes), mais ils me répondent seulement par de gros nuages en forme de "fuck", et à 13h, après 6h d'attente, je finis par rendre les armes en me disant que le soleil ne viendra plus maintenant. Retourne à la billeterie où j'ai laissé mon gros sac en consigne, pour redescendre à pied jusqu'à Tingo, 1200m en contre-bas, et y attraper un combi jusqu'à la ville de Chachapoyas. La pente est raide au début, pleine de caillous, et avec le poids du gros sac sur le dos et du petit devant, je me ruine un peu les épaules. Et après 15 minutes de marche, qui apparait? Ce put... de soleil!!! Arghghghghgh! J'ai passé en tout 9 heures sur le site à l'attendre en vain, il a fait beau durant les 4 heures précédant mon arrivée, durant lesquelles j'étais bloqué à Tingo, et il apparaît maintenant cet enfoiré. J'en pousse un énorme cri de frustration qui résonne dans toute la vallée. Me demande même si je ne vais pas remonter pour conjurer le sort, mais avec mes 15 kilos sur le dos et le fort dénivelé, j'ai un peu la flemme ; et me dis qu'avec la malchance que j'ai, ça pourrait de nouveau se couvrir avant même que j'arrive sur le site - ce qui ne sera pas le cas. Du coup, je m'enquille les 1200 mètres de dénivelé en 1h30, histoire d'évacuer la déception.

Tant pis pour les photos sous la lumière, j'aurais tout tenté mais c'était raté de ce coté-là. Ce qui ne retire rien au reste : le site vaut le coup, le cadre est magnifique et les nuées nébuleuses ont aussi leur charme et ajoutent au mystère. Sans oublier la rencontre avec ces péruviens qui me récupèrent sur le bord de la route, dont cette famille de Moyobamba vraiment chaleureuse, qui m'invite à passer la voir si je m'y arrête en allant à Tarapoto.







Au moment de la seule mini-éclaircie














































En descendant vers Tingo




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