D'autant que la crête ne fait pas le moine ni l'habit le punk et qu'il y a bien trop à vivre là maintenant. Alors tous à vos ordis, faites péter les décibelles visuelles. Le voyage c'est comme le rock : c'est tout à fond!

Ici Pérou, à vous Paris!!!



N.B. : en cliquant sur la première photo d'un article, la série s'affiche en grand à l'écran.

dimanche 2 juin 2019

Île d'Ometepe - Nicaragua, Lac Cocibolca, février 2019


Nicaragua première !!! Au nord du Costa Rica. Direction l'île d'Ometepe sur l'immense lac Nicaragua, appelé localement Lago Cocibolca. A l'origine un simple aller-retour de l'autre côté de la frontière, le temps d'un week-end, afin de renouveler notre visa touristique et être "en règle" ah la bonne blague, en attendant mon permis de séjour. Le temps d'un week-end?!?!?! C'est un peu court jeune homme. C'est un peu con tout court. Je pose d'abord un jour de congé pour rester 2 jours sur place, puis un supplémentaire au moment même de rentrer, au hasard de l'unique wifi du village d'Altagracia, afin d'en découvrir un peu plus et prolonger la paix trouvée ici. Et dans la foulée le reste de la semaine comme me le suggère gentiment mon chef, pour pousser jusqu'à Granada, une jolie petite ville coloniale au nord du lac. Mon chef est souple. Ou alors il préfère me voir loin. Dans tous les cas ça me va. Sautons sur l'occasion et donc dans le bus.

6 heures jusqu'à la frontière de Peñas Blancas. C'est un peu long sur la fin, quand le soleil de plomb du Guanacaste tape de tous ses feux sur notre cage en métal transpirante et moite, mais court au regard des distances de l'Amérique du Sud. A la descente du bus, une horde bruyante nous alpague pour changer de l'argent, nous vendre un hôtel, un taxi, un tour en bateau, de la bouffe un bonbon une bière un slip que sais-je encore? Moi j'ai la cervelle qui fond et comme souvent, envie de prendre mes jambes à mon cou face à la foule. Et accessoirement une douche froide en silence. En guise de douche froide, la douanière nous indique que Stef doit payer un visa pour entrer au Nicaragua alors que l'ambassade du Nicaragua au Costa Rica lui avait dit le contraire et réorientée vers une simple démarche préalable sur internet. Bref, on perd une heure et quelques billets mais passée la frontière, c'est un dépaysement en forme de "retour à la maison" : tout est un peu plus déglingué, coloré, ancien, vétuste, animé, bordélique. Qu'au Costa Rica. On trouve direct un énorme bus jaune des années 60 ou 70, pour la ville de Rivas d'où on espère attraper le dernier bateau pour Ometepe. Le prix dérisoire me rappelle la Bolivie, le bus la Colombie. Le lac Nicaragua me ramène au Titicaca et en Patagonie, au lac General Carrera. Et pourtant tout est nouveau. C'est marrant de fouler une terre pour la première fois avec le sentiment profond d'un retour aux sources, dans l'environnement mais aussi la manière de voyager : sans trop prévoir, sans rien réserver à l'avance. Partir à l'arrache et voir sur place a quand même une saveur inégalable. Même si parfois ça pique un peu, on aime bien.

On arrive au port de Rivas pile-poil pour le dernier bateau en direction de Moyogalpa, au nord-ouest de l'île d'Ometepe. Coucher de soleil sur le pont, les derniers rayons posés sur la cime du volcan Concepción s'évanouissent, puis la nuit tombe sur le lac et nous enveloppe de sa tiédeur. La brise est douce, le calme plane. Agréable après la cohue de la frontière et les grosses chaleurs du jour. À l'arrivée, on cherche un peu hagards un hébergement pas cher où prolonger la tranquillité de la traversée en bateau. Après quelques errements on trouve : l'auberge en question affiche complet alors on nous propose la maison voisine, rustique mais qui n'accueille personne d'autre que nous et un patio arboré avec de beaux hamacs en laine. Ça nous va très bien.

Le lendemain on part à pied sur l'unique route qui mène au centre de l'île, dans l'espoir d'un bus, improbable le dimanche selon les locaux, ou de n'importe quel moyen de transport pour nous rapprocher des piscines d'Ojo de Agua, d'où on projette de rejoindre à pied la plage et le hameau de Santa Cruz pour y passer la nuit. Entre les 2 volcans de l'île. On s'apprête à faire du stop sous la cagne quand un taxi nous propose de nous emmener jusqu'à un petit hôtel qu'il connaît là-bas, où poser nos affaires, avant de nous déposer aux piscines sur le chemin du retour. Le prix nous semble correct et le mec honnête, ou l'inverse, alors on saute sur l'occasion de tracer la route rapidement et profiter un maximum de notre journée. Ça se goupille à merveille, l'hôtel nous convient parfaitement. Simple, propre et pas cher, tenu par un gars du coin relax et sympa. On pose nos sacs dans l'unique chambre avec balcon et vue sur le lac en se disant qu'on va être bien ce soir, et on repart illico avec notre chauffeur pour les piscines d'Ojo de Agua. Appréciables et pas superflues avec 35 degrés au thermomètre. C'est l'été ici. Le retour à pied, environ 6 kilomètres dont 4 le long de la plage, est le meilleur moment de la journée. La chaleur et la lumière s'adoucissent en milieu d'après-midi. Le volcan Concepción derrière nous, un cône parfait à la nippone, icône parfait d'Ometepe, et le Maderas devant, moins haut moins majestueux mais toujours actif, quand son voisin s'est assoupi. D'ailleurs il ronfle un peu fort le bougre. Malgré cela, notre chemin est semé de silences, ponctués du passage éphémère d'un vélo, d'une mob, d'un cheval, d'un piéton, d'un cochon, ou de quelques mots échangés avec un jeune paysan dont on suit un moment le troupeau de vaches sur la route. Silences accompagnés du ronron régulier des insectes, du chant des oiseaux, du meuglements des bovins. Avant de couper par la plage et de goûter l'eau douce et tiède du lac.


J1-J2.










































































J3.

Rando sur les pentes du volcan Maderas. Seuls au monde. La paix en personne, et pourtant en chacun. On part sur la route sans encore savoir où on va. On songe alors à une petite plage au pied du volcan, ou bien monter sur le Maderas à la recherche d'un point de vue sur l'île et le volcan Concepción. Cette dernière option l'emporte au hasard d'un sentier croisé, qui semble mener vers les hauteurs. On ne sait toujours pas bien où on va mais on suit simplement des yeux la cime du volcan, jusqu'à trouver une vue dégagée. Et un coin ombragé où poser nos fesses, s'hydrater, manger un morceau, se détendre et sécher nos vêtements après la grosse suée de la montée, sous une chaleur de western. Heureusement la brise du lac, heureusement l'ombre des bosquets.





























































J4.

Le jour où on devait rentrer. Pris d'un remord sur le bord de la route, en attendant le bus pour le port, après 2 phrases échangées on traverse soudain la chaussée pour aller dans le sens opposé, en direction du petit village d'Altagracia et du nord-est de l'île qu'on aimerait bien découvrir aussi. Dans l'espoir d'y trouver une wifi pour communiquer avec mon chef et espérer jouer les prolongations d'un match palpitant dont on redoute le coup de sifflet final.

Altagracia s'éveille gentiment lorsqu'on débarque vers 6h00 sur la place centrale. Quelques marchands de rue, gamins en vélo, écoliers en uniforme et petits vieux sur les bancs occupent déjà les lieux. Les petits kiosques colorés ouvrent à peine leurs portes mais on parvient à dégoter un café qu'on accompagne d'un morceau de pain et d'une banane (pain-banane... l'ami du voyageur), en observant la vie sociale du village au petit matin. À peine reçue la confirmation de ma remise en liberté inconditionnelle, on part explorer les sentiers menant aux diverses plages du coin. On y croise uniquement des locaux, paysans et ouvriers agricoles en partance pour les champs, gamins en chemin pour l'école. Buissonnière peut-être. Mais pas un seul touriste de notre espèce le long des bananeraies et des champs cultivés. Le bonheur à la française quoi. On jouit d'une belle paix partout où on se présente, et d'un dépaysement réel et entier. Sans compromis. D'où peut-être la sensation de jeunesse et l'excitation un peu adolescente qui nous accompagne. On se baigne à cœur joie ici et là, entre vues sur le lac qui semble une mer de ce côté-ci, et le cône parfait du volcan Concepción de l'autre côté.

Dans l'après-midi on prend un bus pour rejoindre la côte ouest de l'île et les rayons du soleil déclinant. On descend à San José del Sur, un gros hameau avec un ponton d'embarquement, d'où on prendra le bateau demain matin pour rallier le continent. Fin d'après-midi magnifique, le cul dans le sable ou bien dans l'eau, en mode contemplatif : aux alentours, des femmes lavent leur linge à l'ancienne, de l'eau jusqu'à la taille, sur des tables en bois installées à hauteur opportune. Celles restées libres servent de plongeoir à leur jeune progéniture, qui s'en donne à cœur joie et s'éclate, au propre comme au figuré, dans l'eau. Ils savent à peine parler pour certains qu'ils savent déjà nager. Des chevaux en liberté sans doute conditionnelle se rafraîchissent dans les vaguelettes avant de s'ébattre sur le sable chaud. A la tombée du jour, des vaches défilent à leur tour sur la rive, avec lenteur et nonchalance, pour s'abreuver de l'eau du lac, puis repartent avec le même flegme apaisant. On boit les derniers rayons du soleil accompagnés d'une bière fraîche, et la rougeur du jour tombant à grande gorgée. 

Le jour où on devait rentrer...




































































































































































J5. À l'aube, avant de prendre le bateau.