D'autant que la crête ne fait pas le moine ni l'habit le punk et qu'il y a bien trop à vivre là maintenant. Alors tous à vos ordis, faites péter les décibelles visuelles. Le voyage c'est comme le rock : c'est tout à fond!

Ici Pérou, à vous Paris!!!



N.B. : en cliquant sur la première photo d'un article, la série s'affiche en grand à l'écran.

samedi 3 septembre 2011

Taganga bis et autres lieux - Colombie, Région Magdalena, Août 2011



Quebrada Valencia




























Playa Los Angeles




















Minca















Taganga bis






Le "tracto-mule" local











Autre pause sur la route Guajirá-Taganga : la Quebrada Valencia, entre Palomino et le parc Tayrona. Jolie promenade d'une demi-heure dans la forêt, le long de la rivière qu'on traverse plusieurs fois avant d'arriver aux chutes d'eau. Nager dans l'eau douce est vraiment agréable, après 10 jours de bains de mer très salée. On en ressort comme de la douche : propre et la peau comme l'eau. Douce.
J'y passe l'après-midi avant de me poster le long de la route, dans l'attente d'un bus jusqu'à Santa Marta, puis Taganga où j'ai laissé mes affaires, "ma maison", "ma famille".
Ofelia m'accueille de ses yeux pétillants et d'un "Mi amooooorrrrrrrrrrrrrrrr!!! Como te ha ido? Que tal el viaje? Cuentame! Cuentame!" Avec de la chaleur à revendre, qu'elle ne vend pourtant pas. Avec 15 points d'exclamations en plus, la traduction écrite serait plus fidèle. Je suis heureux. Et des 8 jours extraordinaires que je viens de passer, et de revenir chez elle.
Je retrouve Rafael, Angela et Pilar, pour une soirée bien arrosée avec 2 de leurs amis, des français en vacances. On mange du poisson en papier-Q, enfin en papillote et au barbecue. C'est le top. Je suis crevé par le voyage, la chaleur, les bains de la journée et les réveils au lever du soleil ces 8 derniers jours (réveils magnifiques par ailleurs), mais je m'arrache pour faire bonne figure malgré une sale tête. Ne dormirai que 5 heures cette nuit-là, incompréhensiblement, mais 12 consécutives la nuit suivante.
Dès le lendemain, je retrouve aussi ma solitude, toute relative, et ma tranquilité, toute absolue. Toutes 2 très appréciées. Retrouve Stéphane et Claudia, le couple franco-colombien qui tient un glacier-bar avec lequel j'ai sympathisé (le couple, le bar et le glacier). Retrouve également Juan, un hollando-franco-colombiano de 50 ans, rencontré lors de mon premier passage à Taganga. Un accent français lorsqu'il parle anglais, un accent hollandais lorsqu'il parle français, un accent insondable lorsqu'il parle espagnol. Une joie simple et une compagnie que j'apprécie, d'autant qu'on se rencontre toujours au hasard des rues, sans coup de teléphone préalable. Sans rendez-vous. Né en Hollande, il a davantage vécu en France avant de s'échouer il y a 6 ans en Equateur, puis en Colombie.




Epilogue 
en lien avec l'article Taganga 


LE CÔTÉ OBSCUR DE TAGANGA


S'échouer donc. Comme les bateaux. Une image qui m'était venue en tête dans certains moments de doute au Pérou, à se demander parfois ce qu'on fout là, pourquoi on est venu s'y échouer. Questions inutiles à vite mettre au placard du reste. Mais je ne suis plus au Pérou ni en mode sédentaire. Ne me suis pas encore échoué : je nage. Mon bateau? Je l'ai troqué pour des écailles. Je nage. Sans pour autant ramer : pas d'outil pas de support, pas d'objet ni de corps, étrangers. Nager juste avec ce qu'il reste. De moi et d'humain : les bras, les jambes.  

Dans les vagues dans les bus dans les étoiles, je nage. Dans la mer dans les cieux même sur la Terre et dans le vide intersidéral, je nage. Et fais de Taganga ma grande piscine du moment. En évitant la coke et le crack au coin des rues, israëlis et compagnie au coin des cons, les putes au petit coin et le reggaetón des discothèques. Du coin. En "évitant" le côté obscur de Taganga, que je ne veux pas éviter dans le récit. Bucolique et paisible en semaine, dans "ma" rue et sur le port, Taganga montre une toute autre facette les soirs de week-ends, le long du malecón : le reggaetón passe-partout-sauf-dans-mes-oreilles, les boîtes à gringos et à pétasses, la coco à gogo dans l'nez qui passe. J'en passe. C'est du vécu, je suis allé faire un tour en discothèque pour voir, au début de mon séjour. Au bout de 5 minutes j'avais sur le dos un mec qui avait tout d'un proxénète et "ses 2 filles", dont une mineure avec plein de coke dans le nez prête à tout. Quand j'en sors, il ne se passe pas 5 minutes sans qu'un dealer ne m'alpague. S'il y a de la demande il y a de l'offre, puis trop parfois. C'est peut-être semblable à Puerto Maldonado ou à Cusco (Pérou), et dans n'importe quel site devenu très touristique je n'sais pas. Dans le cas du village de Taganga : des israëliens en milieu fermé, qui achètent petit à petit les lieux et amènent, avec d'autres sans doute, du trafic. Prostitution, coke et plus, jusqu'à des armes nouvellement, à ce que disent les villageois dont certains l'ont un peu mauvaise.
C'est comme ça. Pas de leçon à donner, tout me semble tellement relatif en ce moment. A distance. Ce ne sont que mes yeux finalement. Simple constat d'une ambiance un peu glauque que j'évite.

Alors aux sollicitations je réponds en nageant : un battement de jambe, 2 mouvements de bras, une respiration. Aux sollicitations je réponds en passant mon chemin. Et aux passants en passant : bin quoi j'suis pas marrant, pas à la page du moment? D'aujourd'hui ou d'la veille, avec ma clope ma bière, et ma bite sur l'oreille?

Un battement de jambe, 2 mouvements de bras, une respiration.

Désolé : même en rut' pas de coke, même en break point de pute. Et puis... pas champion d'la drogue, j'suis pas non plus champion de la drague. En un soir même en 2. Même en 2 ans, soit dit au passage aux passants, mais en nageant. Et les coups faciles comme les filles, cette drogue-là j'ai déjà goûté : dégoûté. Me suis cassé le nez, les dents, les couilles, le cul et même les pieds. Alors il me reste les bras et les jambes pour nager. Et les yeux pour regarder l'horizon : devant. Mon ex-drogue en forme de femme, ou l'inverse je n'sais plus, est restée à terre, à quelques miles nautiques d'ici : derrière.

Un battement de jambe, 2 mouvements de bras, une respiration.

Depuis? Je nage. Laisse sur place mes eaux troubles et celles, obscures, des dealers et des beautés au nez trop poudré.

Un battement de jambe, 2 mouvements de bras, une respiration.

Plus de sentiments, plus d'affection, plus de pulsions. Plus de coeur, plus de bouche ni de sexe : je suis UNE MACHINE EN MARCHE. En nage.
Un homme nouveau.
Un homme-poisson.



Les mots permettent le voyage, à la nage ou dans l'imaginaire, et certaines libertés aussi : dire ce qui n'est pas, ou pas tout à fait. C'est peut-être pour ça que je les aime bien.
Des poèmes dans la tête, des poèmes dans la tête.
UNE MACHINE À MOTS, UNE MACHINE EN MARCHE.

Et malgré tout un coeur greffé sur mes nageoires.




On se lâche toujours sur Radio Pik-Pik! Ici la Colombie, à vous Paris!!!


 

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