D'autant que la crête ne fait pas le moine ni l'habit le punk et qu'il y a bien trop à vivre là maintenant. Alors tous à vos ordis, faites péter les décibelles visuelles. Le voyage c'est comme le rock : c'est tout à fond!

Ici Pérou, à vous Paris!!!



N.B. : en cliquant sur la première photo d'un article, la série s'affiche en grand à l'écran.

lundi 12 septembre 2011

Cartagena - Colombie, Région Bolivar, Septembre 2011

















































 






























































Tina, une slovène atterrie chez Ofelia il y a quelques jours (Rafael et Angela ayant libéré leur chambre), doit ensuite se rendre à Cartagena, ma prochaine destination. J'en profite pour prendre le train en marche et m'arracher à ma nage. Ça fait quelques jours qu'on se dit "demain?" et que demain se transforme en hier. Je file à la mer une "dernière" fois avant de partir. Avant de suer. 
Avec Tina, on communique comme on peut vu que son espagnol est à peu près aussi bon que mon anglais. Elle est simple et discrète. Ni trop sérieuse ni trop déjantée. Ni trop bourge ni trop hippie. Ni trop bavarde ni trop je-me-la-joue-baroudeuse. Tant mieux car sans être distant, je ne cherche pas non plus le contact à tout prix, et le serais devenu si elle m'avait gonflé. Mais non, et je suis content d'attendre le bus sur le bord de la route avec elle. Ça change et c'est sympa d'être 2, puisqu'elle l'est. 

4 heures plus tard : "quand on arrive en ville!" (j'aime pas les enfoirés mais Balavoine si : l'avait la langue pas dans sa poche, de la voix pas celle de Lara Fabian ou Muriel Robin, et pour un mec de la pop l'était plutôt subversif le garçon).
Bref : Cartagena. Les caraïbes en ville. Il fait chauuuuuuuuuuuuuuuuuud!!! Encore un peu plus. Tina doit retrouver une copine slovène dans un hôtel backpacker rempli d'anglophones entassés dans des dortoirs, et pas si backpacker que ça au vu du prix (j'y suis passé). Je l'abandonne donc là. On se retrouvera pour une bière et une bise d'adieu un peu plus tard. Elle repart dès le lendemain, il ne lui reste qu'une semaine avant de rentrer en Slovénie. Je fais 4-5 hôtels et trouve mon bonheur : une chambre pour moi seul, avec une table, une chaise et même un grand lit, le tout nettement moins cher que les dortoirs du "backpacker". Les patrons sont relax et ont du temps à vous accorder, puisqu'il n'y a pas grand monde (vive le Lonely Planet et autres "guides-du-Routard", tout le monde s'agglutine aux mêmes endroits et ça laisse de la place dans les hôtels qu'ils n'indiquent pas).

Comme d'habitude lorsque je passe d'un village à la grande ville, j'ai un peu de mal le premier jour. Chaleur suffocante, klaxons, voitures, passants. Rues grouillantes aux heures de mouvement.

Dès le lendemain, je retrouve ma sérénité, ainsi que ma sensibilité à la légèreté et à la souriance des colombiens. Je sais, "souriance" n'existe pas dans le Petit Robert mais les Colombiens l'ont inventé pour les Français. Je ne fais que la traduire. Et rien à voir avec le sourire hypocrite et forcé de la pauvre caissière de mon ancien supermarché. 
Au passage, juste pour mettre un coup dans la gueule gratis (ça sert à rien mais ça soulage), y'a un paquet de vieux et de jeunes cons en France qui feraient bien d'en prendre de la graine. A commencer par moi qui ne suis ni jeune ni vieux, mais français. Et con à mes heures, qui parfois durent longtemps. 
Juste une manière différente de dire que ça fait réfléchir. Et peur. Puis peur de rentrer.

Donc grosse patate pour une journée du tonnerre de Carthagène, version caraïbéenne de Brest, plus jolie et moins alcoolique, même si j'aime bien Brest et l'alcool. Je me réveille à 6h30 et pars me balader pour faire un peu de photo. "A la fraîche" je veux croire. Malheureusement ce mot n'existe pas non plus dans le Petit Robert, des Caraïbes cette fois-ci : à 7h30 je sue déjà à grosses gouttes sur les remparts de la ville. Sans le savoir, c'est parti pour 4 heures d'errance. Un marathon de la transpiration. 2 ou 3 litres perdus en peu de temps, 1 bu, les comptes ne sont pas bons mon cher Jean-Pierre. Mais depuis 3 semaines, je me suis liquifié, littéralement : je suis devenu liquide. Ça compense. Et j'ai tellement nagé que j'ai de l'eau salée à revendre. De l'énergie aussi. Je me sens inarrêtable. Dans ma tête de 6 ans, je suis Super Pik-Pik. Une machine à coudes prête à en découdre - ne jamais négliger le travail des bras en course à pied. J'enquille les kilomètres d'asphalte plus vite que les clopes, c'est dire. Oui on fume vraiment jeune de nos jours. Et pour les bières, puisque ce sont elles qu'on enquille d'habitude, il est un peu tôt non? Du point de vue de l'heure comme de l'âge.

J'ai lu il y a quelques années, dans le ventre de ma mère, un article sur Gabriel García Márquez, écrivain colombien dont l'univers s'imprègne de cette fameuse moiteur des Caraïbes. J'y suis. Il n'est pas 8 heures et déjà la chaleur écrase tout, ou presque. Passées 9 heures, les petits vendeurs de cocos, chapeaux, citronnade et fruits frais habitent la ville. Installés au coin des rues, sur les trottoirs ou les placettes ombragées, ils distillent une vie, même ralentie, et une fraîcheur qui résistent aux feux du soleil. 

Alors que je tape un brin de causette avec un colombien dans la rue, une élégante femme noire, âgée, déambule en toute aisance avec un grand récipient de fruits en équilibre sur la tête. Elle s'arrête à 2 pas de nous. Forcément, l'envie de la prendre en photo me démange. Je me gratte l'appareil puis la tête. Que faire? Je sors l'engin? Ça me passe l'envie de pisser, c'est déjà ça. Mais elle me repère avant que je la prenne au naturel (incognito), se retourne et me fait sa courbette qui veut dire : "prends-moi en photo et donne-moi une pièce". C'est raté pour le cliché spontané, j'aurai une pause. Au final, j'échange volontiers la pièce pour quelques mots et une salade de fruits. Jolie-jolie. 

Places boisées offrant une ombre salvatrice, rues étroites, murs colorés, fenêtres et balcons coloniaux, entre 3 églises, 2 couvents et une cathédrale : Cartagena est belle. La vieille ville. Et, entre 2 édifices, la gente féminine aussi il me semble. Allez Pierrick, cesse donc de prendre des gants et sors de tes gonds, guindés et un peu trop judéo-chrétiens à mon goût : dis-le qu'il y a des "blacks" et des métisses à tomber. A tomber des nues, de haut, la langue, le cul et même la chemise. Dans tous les cas par terre. Mais comme je ne porte pas de chemise et que j'ai les pieds sur terre occupés à marcher, je tombe les clopes et les citronnades. Pas les filles. Ne tombe pas tout court, ni même ne trébuche sur mon mégot en poursuivant ma course. En effet j'ai dû abandonner la nage et reprendre la marche, dégrafer mes nageoires et rechausser les pieds. Le temps de quelques jours en ville. Il ne faudra pas que ça s'éternise : on ne marche pas dans la mer ni dans la sueur, les mots ou la bière. On y nage (voir Taganga et Taganga bis). Au mieux on marche sur un nuage. Ou sur la lune. Mais comme en 1969 je suis à l'Est et communiste, je préfère nager dans les étoiles et mon Sputnik russe que de planter le drapeau américain comme Armstrong. De cette famille je n'aime que Louis. Pas Neil ni Lance.

Revenons à nos sirènes, qu'on serait tenté de suivre comme un mouton. J'ai donc dégrafé mon corps sage pour laisser mon coeur en carton en coulisse. Et mon trombone à l'hôtel.
Sans coeur mais avec culotte - ils sont très "cathos" dans le coin et pas trop branchés nudisme, je sors et ne me sens pas tombeur pour un sou, ni saoûl au point de tomber, dans le panneau ou dans leurs bras. Alors si avec tout ça les sirènes me tombent dessus, elles seront bien mal tombées dis donc. C'est celle des pompiers qu'on va entendre. C'est ce qu'on appellerait communément avoir un pied dedans. La tombe, ne soyez pas scato. Quoique ça marche aussi avec la merde.

Exemple : sur une des jolies places de la vieille ville, 3 serveuses de café-restaurants, plus jolies les unes que les autres et que la place elle-même, me proposent une table en même temps. Tant de beauté d'un seul coup m'effraie et je cours me réfugier sous mon citronnier, en l'occurence un vendeur de citronnade. Désolé en ce moment je suis radin du contact, du coeur et même du porte-monnaie (c'est plus cher qu'à Bogotá en plus, les enfoirés). 

Alors je laisse derrière moi cette beauté toute en façades, de maisons ou de femmes je n'sais plus, et ravale la mienne après une suée. Ma façade bien sûr, à ma connaissance ni les maisons ni les femmes ne se ravalent, et dans tous les cas je n'ai ni l'un ni l'autre. Je ravale aussi ma langue, et ma salive au passage.

Tout ça pour dire en s'marrant qu'il y a de jolies filles et de belles balades à s'faire dans le coin. Dans l'ordre inverse pour Don Juan.

En début d'après-midi, je me rends au DAS (Département d'Administration et de Sécurité) pour m'informer sur la prolongation de visa. A pied également. Au plus fort de la chaleur. Dans ma tête, j'ai toujours 6 ans et ma cape de Super Pik-Pik sur les épaules. Malgré le marathon du matin sous la cagne, j'ai encore des jambes pour marcher, bien que ces dernières semaines elles aient pris l'habitude de battre. Je sais normalement c'est le coeur, mais le coeur en natation ça ne fait pas beaucoup avancer. Et moi j'ai envie d'avancer. 
En nageant ou en marchant. 
Dans la mer bouillonnante ou sur l'asphalte brûlante. 

Je pense filer le lendemain à Playa Blanca, la plus belle plage du coin paraît-il, mais la découverte d'un énième virus sur ma clef USB et la carte mémoire de mon appareil-photo m'en dissuade. D'abord régler le problème et ensuite aller se détendre à la plage. J'y passe une bonne partie de la journée, entre 2 centres commerciaux spécialisés en informatique. Je ne comprends d'abord rien à ce qu'on me raconte, puis un peu, puis suffisamment. Dans l'accent costeño aussi je nage
Nettoyage, sauvegarde des données, reformatage, réinstallation des données. Tout est enfin OK. Demain c'est Playa Blanca : je ressors mes palmes et mes bronchies. Toujours avec mes 6 ans dans la tête et ma cape de Super Pik-Pik, sur les épaules ou dans la tête je n'sais plus.



PS : Plus sérieusement, Cartagena est une belle ville certes, mais j'ai l'impression dès le 2ème jour que je ne voudrais pas m'y installer. Trop touristique peut-être, et après 2 ans à Cusco - qui détient la palme, je ne peux plus. Ce qui ne m'empêche pas d'y passer quelques jours supplémentaires avec plaisir, au retour de Playa Blanca. En vacances.



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