J'ai dit que j'allais la boucler durant cette dernière tournée de Radiopikpik. Manifestement j'ai menti.
Retour à la côte pacifique, après Esterillos dans la partie centrale du pays. Cette fois-ci à l'extrême nord du Guanacaste, sur l'ultime péninsule avant la frontière Nicaraguayéenne. La Península de El Jobo, petit village aux maisons modestes et nombreuses cabañas en bois, qui vit essentiellement de la pêche et de l'agriculture, un petit peu du tourisme et qui sait, peut-être d'un brin de contrebande avec le Nicaragua où la vie est 2 fois moins chère. Enfin ça c'était avant : désormais la contrebande pèse nécessairement plus que le tourisme dont l'encéphalogramme reste plat. D'une manière ou d'une autre il faut bouffer. Mort le tourisme ? Pas encore tout à fait. Des profondeurs de son coma il émet un dernier geignement en cette mi-juillet, pour ne pas dire éructe un ultime rot : 3 zozos dans une Suzuki de location se baladent au gré des restrictions de circulations et d'ouverture des plages. Nous sommes effectivement seuls au monde si on considère la sphère des vacanciers. Tellement seuls que les gens qu'on croise dans les villages ont toujours l'air de se demander ce qu'on fout là. Nous on l'sait trop bien. Pour nous aussi ça sent la fin, alors on brûle nos dernières cartouches de vadrouilles comme des bâtons de dynamites. On n'est pas du genre à faire beaucoup de bruit, mais à l'intérieur c'est feu d'artifice. On profite de ce périple comme la dernière volonté du condamné - avec une clope et un whisky comme dans les films - sauf qu'on n'est évidemment pas damnés. Juste cons, déterminés et au final chanceux. Des cons heureux, des cons comblés en somme.
On loue une petite cabaña en bois non loin du village, voisine de celle d'Ali, un pêcheur à qui on achète dès notre arrivée quelques kilos de poisson frais (pagre, thon rouge), et on passe 3-4 jours à explorer la péninsule et ses plages. Vu qu'elles ne sont ouvertes que de 6h à 9h30, autant vous dire qu'on fait souvent la sieste l'après-midi, en ronflant nos steaks de poisson.
Avant cela, petite étape à Playa Cabuyal au sud du parc national Santa Rosa, au moyen d'un léger détour sur la route de Tenorio à El Jobo. On quitte la Finca Mei Tai avant l'aube pour profiter de la plage entre 7h et 9h30, qu'on trouve fermée et absolument déserte comme la cabine de gardiennage. Alors on s'installe, alors on se baigne. Magie du lieu et du calme absolu. Alors on joue les prolongations puisqu'on est seuls avec les poissons et un chien égaré. Celui du garde-côte peut-être, qui débarque à 10h30 et surtout à notre grand regret, et nous chasse gentiment.
Playa Cabuyal.
![]() |