D'autant que la crête ne fait pas le moine ni l'habit le punk et qu'il y a bien trop à vivre là maintenant. Alors tous à vos ordis, faites péter les décibelles visuelles. Le voyage c'est comme le rock : c'est tout à fond!

Ici Pérou, à vous Paris!!!



N.B. : en cliquant sur la première photo d'un article, la série s'affiche en grand à l'écran.

lundi 16 avril 2018

Parc national Torres del Paine J1 - Chili, Región de Magallanes y de la Antártica chilena, Patagonie sud, mars 2018


Comme des gitans.

Après le glacier Perito Moreno et une courte nuit en mode romano dans un camping d'El Calafate, en Argentine et non en Roumanie, on repart en bus en direction du Chili. On y ronfle sans interruption jusqu'à la frontière. Fort tant qu'à faire.

Arrivée à Puerto Natales avec pour seul objectif de croquer une grande salade fraîche, de la viande et du repos. Avant de préparer notre séjour de 3 jours au parc national Torres del Paine. Pas une mince affaire vu l'affluence touristique et un système de réservation des campings contraignant et saturé. Tout est plein le long du circuit principal, où tout le monde s'agglutine et où on ne sait déjà plus très bien si on a envie d'aller. Ça nous prend 2 jours mais on finit par trouver un programme alternatif grâce à un mec de l'office du tourisme qui connaît bien le parc et nous indique d'autres balades intéressantes et surtout 2 autres points de chute possibles où planter la tente. Loin de la foule. Ce qui nous convient mieux et nous importe plus que d'aller sur le circuit principal. Sauf pour la rando aux Torres del Paine évidemment, qu'on a décidé de faire le premier jour suite aux prévisions météos qu'on nous a données.

La météo parlons-en. Une chienne. La nuit précédant notre départ, prévu à 7h en bus, il se met à pleuvoir vers 2h du matin. De plus en plus fort et sans interruption jusqu'à... notre arrivée à l'entrée du parc vers 9h. Avec notre tente de gitans, pas imperméable, c'est rivière dans la maison. Matelas gonflables et sacs de couchages trempés. Tente ruisselante, à l'intérieur comme à l'extérieur pas de jaloux. Comme un bleu, la seule fois où il pleut est également la seule fois où j'oublie mes chaussures dehors. Rivière aussi dans mes pompes, à eau pour le coup. Grand moment de solitude et de doute au lever à 5h30. L'idée de marcher toute la journée sans pouvoir faire sécher nos affaires et de dormir ce soir dans des draps mouillés n'est pas particulièrement réjouissante, sachant qu'il n'y aura pas de draps, seulement l'humidité. Stef pour la première fois les bras en croix sous la tente, stupéfaite, arrêtée. Y va y va pas? D'autant que j'ai une infection urinaire depuis quelques jours, pissé du sang la veille et qu'on sera loin de tout pendant 3 jours. Ça l'inquiète moi moins, misant tout sur une bonne hydratation qui déjà fait effet - et mal, ma bonne étoile et une foi adolescente un peu débile. La pluie me préoccupe davantage mais le souvenir des prévisions météo, à savoir qu'aujourd'hui est le jour le plus propice à un ciel dégagé sur les Torres del Paine, aide à prendre une décision dans le chaos mental du moment. Un coup de pied au cul et c'est parti : on sort toutes nos affaires et plie bagages, tente et sacs de couchage, dans le noir et sous une pluie battante. Dans le silence glacé et glaçant de la nuit australe, seulement accompagné des plocs et des flocs de la pluie glaciale, et de splashs quand tombe un truc par terre. Plouf. C'est la merde, et présentement la gadoue. Partout par terre. Pincement au cœur, dents qui grincent et enfin moue résignée au moment de ranger dans le sac la tente dégoulinante à côté des affaires sèches. De toute façon on n'a pas trop le choix, seulement l'embarras comme dirait Michel dans Gérard.

Dans le bus, entourés de Gore-Tex dernier cri avec tout l'équipement vestimentaire adéquat et assorti, on se sent un peu comme des gitans. Euphémisme : comme des crevards au moment de s'acharner sur mes vieilles Adidas à trous - mais sèches, où justement un gros morceau de verre est venu s’empaler. Indélogeable l'enfoiré. Les Gore-Tex d'à côté me regardent, avec mon vieux jean troué, ma pince à épiler affairée sur le bout de verre et mes tennis en gruyère. Comme une bête de cirque? Non quand même faut pas déconner, ils sont éduqués. Comme un gitan c'est suffisant.

Le chauffeur, sympa, accepte de nous déposer devant notre camping, à l'extérieur du parc donc puisque tout est complet à l'intérieur. Nous sommes évidemment les seuls à descendre, les gitans qui n'ont pas réservé ni programmé leur séjour à l'avance. Gitans qui du reste s'en foutent pas mal, pas mécontents de leur sort d'autant qu'ils l'ont choisi.

Au camping, on espère pouvoir laisser la tente et les sacs de couchages à sécher pendant qu'on part randonner, on peut tout juste laisser nos sacs fermés à l'intérieur de la réception. Moue résignée à nouveau, au moment d'enfiler mes chaussures de rando trempées avec 2 sacs plastiques autour des chaussettes. Ça bave un peu sur les côtés quand je serre les lacets, mais c'est parti les jeux sont faits la messe est dite le feu au cul : on a chaussé les crampons va falloir s'accrocher, et même Nike nous envie l'air qu'on a sous les pieds.

On plane comme ça un moment en rêvasseries bêtasses, jusqu'à remettre brutalement les pieds sur terre en attaquant la première grande montée. Souffle court et coup de chaud. Entre-temps la pluie s'est enfin arrêtée quand on a quitté le camping et le soleil a petit à petit fait son nid. On s'arrête pour se dévêtir un peu et récupérer, surtout. De nouveaux Gore-Tex pimpants nous doublent, veulent nous snober mais comme je m'appelle Guindé ils tracent tout droit sans oser, ce qui était de toute façon leur direction. On laisse donc défiler les derniers modèles de marques de trekking en s'aspergeant d'eau et de crème solaire, on mâche lentement quelques vivres en bons ruminants, souffle comme des buffles et repart comme des veaux, doucement jusqu'à trouver notre rythme de croisière. Une fois qu'elle s'amuse, on ne s'arrête plus jusqu'à la fin, engloutissant quelques Gore-Tex au passage. Mais de la marche, les photos en parlent mieux que moi.

Arrivée aux Torres del Paine sous un soleil radieux. Des nuages s'accrochent encore à la pointe de ces gigantesques blocs de granit puis se dissipent complètement le temps de notre passage, avant de les absorber à nouveau peu après notre départ. Chance is not dead. Car d'après ce qu'on nous a dit, ces foutues attrape-touristes sont capricieuses et la plupart du temps dans les nuées. Alors on sourit de la pluie et de nos déboires du matin, heureux d'avoir cru en la météo et décollé malgré tout. Même mes pompes, passées de trempées à humides, ne font plus la gueule. Et mes pieds sourient à pleines dents, au sec derrière leurs sacs les plastiques. Comme des gitans.

Malgré notre émerveillement béat durant les 2 heures passées sur place, on garde en tête nos affaires trempées et l'espoir de dormir au sec. Ce qui implique d'arriver suffisamment tôt au campement pour tout faire sécher avant la tombée de la nuit. On attaque donc la descente au pas de course et on la boucle en 2h au lieu des 4 mentionnées. On la boucle tout court : pas envie de parler à ce rythme d'enfer. N'empêche qu'on arrive à temps pour choper la navette de 18h30 vers la sortie du parc et une demi-heure plus tard on s'installe au camping, avec une vue magnifique sur les montagnes et comme uniques voisins 2 scandinaves à vélo. Un peu gitans sur les bords eux aussi, d'ailleurs leurs tentes sont des Mercedes à côté de la nôtre entourée de plastique : une lada ou une logan sans majuscule, voire une mob', genre 103 SP des années 80 trafiquée avec le pot ninja. Mais le pot c'est important et du pot on en a. Sous leur regard amusé, de vikings ou de manouches je ne sais plus d'autant que les deux voyagent, on étend sur les fils et les pierres qu'on trouve toute notre panoplie aqueuse. Pour le soleil c'est un peu tard mais il nous reste le vent comme espoir. Tellement violent que la tente chargée d'eau se gonfle brusquement comme une voile de parapente et sèche en moins d'une demi-heure. Record battu on reste coi, avec un sourire béat. 21h la bouffe est prête, la nuit tombée, les sacs de couchages et les matelas tout juste secs. On a un pot ninja et un cul de tortue c'est pas possible autrement. Et donc une mobylette de gitans, mais qui nous emmène au bout du monde et par tous les temps, même mal. Et par Toutatis on s'en sort bien encore une fois, à l'arrache mais à merveille. Vivement demain.











































































































































  























































1 commentaire:

  1. Elles sont belles et fun vos aventures australes, les amis. Tes mots et vos images me sortent un peu de Gaule, ça fait du bien par où ça passe, merci... Je vous kiffe !

    RépondreSupprimer